EN

Le Happening du Surveillant: discussion autour de cet œil sans visage

Date et heure
Lundi 14 mai 2012

Le Happening du Surveillant: discussion autour de cet œil sans visage

Lors du Happening du mercredi 9 mai, l’artiste Emmanuelle Léonard a présenté un montage des images sélectionnées par les participants à l’atelier Par les yeux du Surveillant. Ces images, captées à partir des caméras de surveillance de la Fondation DHC/ART, ont apporté toute une réflexion autour des notions de contrôle et d’autorité, nous encourageant à reconsidérer notre rapport à l’espace public et aux représentations qui en sont faites.

Emmanuelle a parlé, lors de sa présentation, de l’utilisation récurrente de la caméra de surveillance dans plusieurs de ses œuvres, une caméra qui semble agir comme un œil sans visage. Cet œil anonyme, caché, donne l’apparence d’une objectivité froide et distante mais, finalement, nous force à regarder les choses d’une certaine façon, apportant avec lui son poids de conventions et imposant un certain point de vue sur ce qui est présenté.

En participant à Par les yeux du Surveillant, nous vivons cette expérience troublante de voir à travers un système normalement inaccessible, en épiant les choses louches et en jugeant des comportements inappropriés, pour ensuite réaliser que nous regardions les salles d’exposition où nous-mêmes avions circulé un peu plus tôt. Tout à coup, le regard du surveillant, en nous plaçant comme spectateurs involontaires, se retourne contre nous-mêmes. En résulte une certaine confusion quant à qui est épié et qui épie, qui est contrôlé et qui contrôle.

L’artiste, dans cette œuvre, brouille ainsi les frontières entre acteur et spectateur, entre public et autorité, mais aussi entre documentaire et fiction, en présentant un montage de ces bandes vidéo qui impose déjà un certain regard sur ce qui est montré. On a également discuté du fait que les institutions de l’art — telle  la Fondation — exercent une forme de contrôle sur les corps des visiteurs en les encourageant à se comporter dans les salles d’une certaine manière. Ainsi, un comportement tout à fait naturel dans un autre lieu devient suspect dans un lieu d’exposition d’art contemporain: deux étrangers entament une discussion; quelqu’un se déplace un peu trop rapidement; ou quelqu’un semble attendre quelque chose. Par son travail, l’artiste questionne ainsi la caméra de surveillance comme dispositif neutre, mais aussi l’effet du lieu (à la fois physique, culturel et social) sur ses acteurs.

Daniel Fiset et Marie-Hélène Lemaire
DHC/ART Éducation

Photos: Daniel Fiset

Articles reliés

Art as Relic?

By Daniel Fiset and Kim Johnson Theme: Art as Relic? In his exhibition Relic Traveller, multidisciplinary artist Larry Achiampong explores the idea of a Pan-African crew entrusted with the mission of listening to, preserving and giving voice to stories from the African
Lire la suite

L’art comme relique?

Par Daniel Fiset et Kim Johnson Thème: L’art comme relique Dans son exposition L’explorateur de reliques, l’artiste multidisciplinaire Larry Achiampong propose l’idée d’un escadron panafricain qui aurait pour mission d’écouter, de préserver et de
Lire la suite

La mémoire de l’eau: la poésie visuelle d’Un chemin escarpé

Cet écrit poétique est le fruit d’un projet de co-création entre Méshama Rose Eyob-Austin et Marie-Hélène Lemaire qui porte sur l’œuvre Un chemin escarpé de l’artiste Jamilah Sabur. Il prend la forme d’une introduction et d’un «poème sur l’eau»
Lire la suite

The Memory of Water: The Visual Poetry of A Steep Path

This poetic essay is the result of a co-creation project between Méshama Rose Eyob-Austin and Marie-Hélène Lemaire inspired by Jamilah Sabur’s work A steep path. It takes the form of an introduction followed by a water poem in two voices that explores the theme of
Lire la suite
Exposition reliée

Abonnez-vous à notre infolettre

* Champs obligatoires