Ryoji Ikeda et le sublime
Ryoji Ikeda et le sublime
Le terme le plus utilisé pour parler de l’exposition de Ryoji Ikeda est certainement «sublime». Et qu’est-ce que le sublime? On pense d’abord à quelque chose de pur, qui élève vers un niveau supérieur. L’idée n’est pas sans évoquer une forme de spiritualité, et même de transcendance.
En effet, le visiteur est pénétré de ces données infinies qui lui ouvrent la porte sur un monde à la fois infiniment petit et infiniment grand. Il ressent un peu de vertige à observer tout ce qui se trame sur les écrans ou sur les toiles. Les œuvres peuvent aussi paraître hermétiques, difficiles d’approche. Selon l’artiste, il faut se laisser porter, simplement, par ce qu’elles font ressentir.
Il y a un côté esthétique important dans le travail de Ryoji Ikeda, c’est un point réellement frappant: une élégance des dispositifs, un raffinement des formes et des lignes. On pénètre dans les espaces sombres à tâtons, on est attiré vers ces écrans lumineux qui nous happent. Lumière associée au savoir, à la connaissance: les œuvres nous le rappellent d’autant plus fortement qu’elles sont emplies de références très pointues à l’intellect tout comme au fonctionnement des données qui constituent notre univers contemporain.
On se sent à la fois géant et minuscule. Notre rapport au monde est transformé, remis en question. Il s’agit réellement d’une expérimentation du sensible et du beau. Et même si l’appel à l’intellectualisation se fait sentir, mieux vaut l’écarter, en quelque sorte, et se laisser absorber par les émotions, bien senties, bien réelles, qui nous prennent devant cette expérience véritablement sublime. Sublimation de la matière, voire de la notion du soi face à l’univers du tangible. On en sort comme ébloui, pas certain d’avoir tout saisi, d’avoir tout capté, mais comme hypnotisé par ce qu’on y a vu et ressenti…
Myriam Daguzan Bernier
Photo: Myriam Daguzan Bernier