Atelier: Un imaginaire commun
Atelier: Un imaginaire commun
Mise à jour 01.10.2020 | Conformément aux mesures sanitaires mises en place à la Fondation PHI, l’atelier Un imaginaire commun sera offert au public dès la réouverture de nos espaces physiques. Pour toute question, n’hésitez pas à nous contacter.
Un imaginaire commun est un atelier de création conçu par Michaëlle Sergile. Il est offert dans le cadre de l’exposition RELATIONS: la diaspora et la peinture, présentée du 8 juillet au 29 novembre 2020.
Commissaire: Daniel Fiset
«La découverte d’une chanson pour enfants haïtienne il y a quelques mois a suscité plusieurs questions sur la signification et la provenance des comptines partout dans le monde. Fiyet Lalo, ou en français La fillette Lalo/La fillette de l’eau, parle de la période de la dictature des Duvalier en Haïti. Alors qu’au départ, elle ne semble que traiter des aventures d’un petit oiseau, elle devient rapidement une mise en garde contre la violence des Volontaires de la sécurité nationale. Malgré tout, c’est une chanson que bien des parents ont fredonnée et qui, d’une certaine façon, a construit le bagage de la diaspora haïtienne.»
— Michaëlle Sergile
Il est souvent difficile d’établir la provenance des chansons apprises lorsque nous étions enfants. Comment sont-elles arrivées jusqu’à nous, et qu’ont-elles à nous dire sur nous? L’air de Frère Jacques, par exemple, peut être chanté en anglais, en créole, en amharique, en vietnamien, en espagnol. D’origine française, il est appris de génération en génération depuis le 18e siècle. Les permutations de cette chanson témoignent de la force avec laquelle la colonisation informe la culture, tout en signalant le potentiel de réinterprétation créative des textes au fil du temps. L’exemple de Fiyet Lalo, quant à lui, montre que la comptine peut devenir un chant de résistance contre le pouvoir. Au-delà de ces disséminations, comment prendre la mesure des dimensions politiques de ces chansons?
Ces questions sont centrales à l’atelier de création Un imaginaire commun. Pendant celui-ci, notre salle éducative accueillera une installation de l’artiste montréalaise Michaëlle Sergile. Composée d’éléments textiles, textuels et vidéos, cette oeuvre constitue le coeur de l’atelier de création, et sera appelée à se moduler selon vos contributions tout au long de l’exposition.
Tout d’abord, nous vous invitons à collaborer à la constitution d’une bibliothèque de comptines en nous proposant en ligne les paroles d’une chanson de votre choix. Vous pourrez également participer à une séance d’enregistrement vidéo dans laquelle vous interpréterez votre comptine et en transcrirez les paroles à la main pour nous les confier.
Ces chansons deviendront le matériau principal de l’atelier de création. À partir d’une technique de filage de papier communément appelé shifu, les feuilles contenant les paroles des comptines seront découpées pour servir à la fabrication de fils. Le public pourra ainsi se familiariser avec une façon de transformer la fibre du papier et comprendre les bases du tissage. Le fil produit en atelier sera ensuite utilisé pour compléter l’installation de Michaëlle Sergile, dans laquelle elle interviendra de manière ponctuelle. En redonnant une matérialité à une série de textes largement transmis à l’oral, et en permettant une série infinie de maillages, Un imaginaire commun nous invitera à reconsidérer les manières par lesquelles les comptines informent notre identité personnelle et collective.
Michaëlle Sergile est artiste et commissaire indépendante. Elle poursuit actuellement une maîtrise en Fibres et textiles à l’Université Concordia. Faisant principalement usage de textes et de livres de la période postcoloniale (de 1950 à aujourd’hui), le travail artistique de Michaëlle Sergile a pour vocation de comprendre et de réécrire l’histoire des communautés noires, et plus précisément celle des femmes, par le tissage. L’artiste utilise le lexique du tissage, un médium souvent perçu comme de l’artisanat et catégorisé comme féminin, pour réfléchir aux rapports de domination de genre et d’ethnie.
Michaëlle Sergile a exposé à la galerie ArtHelix à New York et à la Miami Art Fair, en plus de participer à plusieurs expositions collectives à Montréal, notamment à la Place des arts, à la galerie Art Mûr ainsi qu’au Conseil des arts de Montréal. Elle a également reçu plusieurs prix et bourses au cours de ses études. Elle est actuellement chargée de projet et commissaire pour la plateforme Nigra Iuventa, où elle a servi comme co-commissaire de la première exposition créée par et pour des femmes noires au Québec, laquelle réunissait plusieurs artistes d’ici et d’ailleurs. En février 2020, elle a été co-commissaire de Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage, une exposition en trois étapes inspirée de l’autobiographie de l’auteure américaine Maya Angelou.
Photo: Michaëlle Sergile