Sentier de résilience présente le long de la Promenade Fleuve-Montagne de nouvelles œuvres des artistes autochtones Maria Hupfield, Nadia Myre et Skawennati. Puisant dans leurs racines, ces femmes s’inspirent d’une multitude d’enjeux, proposant des créations à l’esthétisme, aux techniques et aux formes diversifiées. Cette exposition d’œuvres commandées atteste la vitalité du travail des trois artistes et leur désir d’exprimer des points de vue stimulants pour l’œil et l’esprit. Dans leur ensemble, les œuvres jalonnant la Promenade abordent les concepts interdépendants du temps, de la mémoire, de l’histoire et de l’affirmation.
Maria Hupfield trouve l’inspiration dans les références contemporaines et dynamiques du quotidien, ancrées dans le corps et dans ses origines anishinaabe. Fidèle à cette approche, son œuvre KA-POW! se compose de deux bancs aux formes atypiques dialoguant avec les arbres à l’arrière de la station de métro Square-Victoria. Ce lieu où dès 1866 les gens se rassemblaient est aujourd’hui fréquenté tant par des employés de bureau que par des touristes et des habitants du quartier. Comme l’explique l’artiste, « le mot KA-POW! évoque à la fois l’action, la force, le mouvement, le souffle et le son ». Représentant des éclairs, des motifs géométriques étoilés et des phylactères de bande dessinée, cette sculpture sociale se veut un appel à l’échange avec les autres, l’espace public et la nature. Maria Hupfield fait naître avec KA-POW! un espace de contemplation, de discussion et de jeu au cœur de l’agitation urbaine, qui s’inscrit dans son approche axée sur la participation sensorielle du public.
Interpellée par les histoires personnelles et collectives, Nadia Myre tisse un filet d’intimité à travers son travail multidisciplinaire. C’est ainsi qu’elle a créé histoire revenue, une installation inspirée de la vie de Marie‑Josèphe Angélique, une esclave noire qui s’est révoltée et enfuie avant d’être capturée à nouveau. En 1734, elle a été reconnue coupable d’avoir mis le feu à la maison de sa maîtresse, provoquant l’incendie qui a réduit en cendres la majeure partie du quartier marchand de la rue Saint-Paul, à Montréal. Marie‑Josèphe a été torturée, condamnée et pendue pour incendie criminel le 21 juin de la même année. Son histoire mérite d’être perpétuée, car non seulement elle rappelle la réalité de l’esclavage au Québec, mais elle soulève des questions sur le pouvoir et le droit de se faire entendre. Nombreux sont ceux qui préfèrent voir en Marie‑Josèphe Angélique non pas une victime d’injustice, mais un symbole de liberté et de résistance. Utilisant le son, la lumière, des matériaux naturels et le décor même du site, Nadia Myre fait revivre une page capitale de notre histoire.
Skawennati explore à travers l’art les dérapages du temps et de l’espace. Elle se sert d’environnements virtuels en ligne pour créer des machinimas, ou films numériques, portant sur un pan de l’histoire et soulevant des questions sur l’authenticité et la tradition par la projection de puissantes représentations d’Autochtones à notre époque et dans le futur. Le numérique lui donne les moyens et la liberté d’imaginer ce que le monde pourrait devenir. Présenté sur la Promenade, The Celestial Tree est tiré de l’une de ses plus récentes machinimas, She Falls for Ages, une science-fiction féministe transposant le mythe fondateur des Haudenosaunee, ou Iroquois, dans un monde postracial et postcapitaliste. Conçu à partir des matériaux d’un panneau de signalisation urbaine, The Celestial Tree est comme un phare sur le sentier menant au sommet de la montagne qui invite à grimper et à plonger les yeux dans l’azur pour imaginer un monde meilleur.
Chaque œuvre du Sentier de résilience propose aux promeneurs de faire l’expérience du temps d’une manière différente. KA-POW! de Maria Hupfield nous rappelle de façon magistrale l’importance de vivre pleinement le présent. histoire revenue de Nadia Myre nous fait revivre un épisode difficile et controversé de notre histoire. The Celestial Treenous incite à toujours rêver plus grand. C’est une invitation à entrer en relation, à renouer avec nos semblables et avec l’histoire de notre ville, la terre qu’elle occupe et notre désir de la voir évoluer. Ludiques et contemplatives, les œuvres exposées le long de la Promenade sont une manifestation de présence et de vie.
Lieux et accès
Les œuvres de Sentier de résilience sont accessibles gratuitement aux publics de tout âge.
– KA-POW! de Maria Hupfield: Square Victoria, au sud de la rue Saint-Antoine Ouest
– histoire revenue, de Nadia Myre: dans le jardin de la basilique Saint-Patrick
– The Celestial Tree, de Skawennati: à l’intersection de l’avenue des Pins Ouest et de la rue McTavish.
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