«J’envisage le sentier comme un système digestif poursuivant son cycle à rebours, comme une personne tête au cul, ou un serpent queue en bouche.» – Matthew Barney
Qualifié de «cyclone au ralenti» par Jerry Saltz dans le Village Voice, Drawing Restraint 9 est un film solennel mais néanmoins mouvant qui nous embarque à bord d’un baleinier japonais pour un voyage des plus fascinants. Barney et sa partenaire à l’écran Björk, auteure de l’évocatrice bande son, sont des Occidentaux sans noms qui arrivent à bord d’embarcations séparées pour se retrouver unis sur le controversé baleinier Nisshin Maru. Les invités sont soumis à des séances sophistiquées d’essayage de costumes en vue d’une cérémonie du thé. Le vêtement japonais traditionnel et les formalités ritualisées participent souvent à la vision très hermétique et personnelle de Barney, qui imprègne chaque objet, chaque geste et décor du caractère intemporel et figé de la sculpture. Il en résulte souvent une oeuvre de poésie visuelle envoûtante. Une vaste sculpture de vaseline liquide se trouve au coeur du film; elle est moulée, coulée et remodelée sur le pont du navire. Infusé de connaissances et de coutumes marines, de rituels shintoïstes, ainsi que des idiosyncrasies et du symbolisme personnel de l’artiste, ce film majestueux, presque muet, progresse vers un climax opératique de dépeçage, de transfiguration et de renaissance.