DHC/ART Fondation pour l’art contemporain, en association avec Conversations in Contemporary Art (CICA), l’École de cinéma Mel Hoppenheim et le département d’histoire de l’art de l’Université Concordia, a le plaisir de présenter:
Recollection
de Kamal Aljafari
La projection sera suivie d’un échange entre Kamal Aljafari et Nasrin Himada (commissaire indépendante).
Veuillez noter que la discussion aura lieu en anglais.
Concordia University Fine Arts
VA Building, Room 114
Dans son nouveau film, Recollection, Kamal Aljafari utilise, comme matériau brut, des séquences puisées dans des films israéliens pour explorer, reconstruire et partager une histoire inaccessible:
«Depuis plusieurs années, je collectionne des films de fiction israéliens tournés à Jaffa, certains datant d’aussi loin que 1960. Dans ces films, on a fait disparaître des Palestiniens, mais ils existent encore en bordure des images, visibles sous forme de traces. Une ville également est préservée; elle reprend vie dans les images en mouvement, sa destruction s’opérant peu à peu, au fil des décennies, documentée film après film. À partir de diverses séquences tirées d’une douzaine de films, j’ai excavé une communauté entière et recréé une ville. Bien qu’ils soient flous ou à peine aperçus, j’ai reconnu des amis d’enfance, des personnes à qui je disais “bonsoir” quand j’étais enfant; mon oncle aussi. J’ai effacé les acteurs, j’ai photographié les arrière-fonds et les bordures; et j’ai fait des passants les personnages principaux du film. Dans mon film, je retrouve mon chemin à partir de la mer, comme dans un rêve. J’erre à pied, parfois hésitant, parfois perdu. Je flâne dans la ville; je flâne parmi des souvenirs. Je filme tout ce que je rencontre puisque je sais que, maintenant, cela n’existe plus. Je retourne à un temps perdu.»
– Kamal Aljafari
«Kamal Aljafari est le chroniqueur de l’impossible, un visionnaire de la disparition. Son nouveau film, Recollection, le situe quelque part entre Luis Buñuel, le Salvador Dali (Un Chien Andalou) des premiers temps et l’œuvre toute entière et magnifique du regretté Mani Kaul. Dans son nouveau film, Recollection, Aljafari offre une vision inquiétante de ruines et de débris en tant que restes matériels et comme mémoriaux, faisant ainsi avancer son art à pas de géant. Si la signification de cette œuvre est multiple, elle réussit toutefois à remplir deux tâches contradictoires: la défaite de la caméra omnisciente et la mise en scène de vestiges. En permettant ainsi à la mémoire de se mettre en scène et de s’annoncer – une tâche philosophique jugée essentielle par Walter Benjamin lorsque, dans sa théorie de l’allégorie, il a fait un virage prophétique vers les reliques et les vestiges –, Aljafari se demande: Qui observe, qui observe le regardeur, et en vertu de quelle autorité le fait-il? Cette question obsédante – Quis custodiet ipsos custodies? – est ici mise en scène avec une confiance et une aisance étonnantes, avec la force d’un artiste visionnaire qui accepte le défi de problématiser le caractère instrumental de son art. Le résultat est empreint d’une inquiétante étrangeté: nous avons le sentiment d’y avoir été, mais où, quand, comment, et maintenant, où sommes-nous?»
– Hamid Dabashi, Columbia University, New York
Titre: Recollection
Réalisateur: Kamal Aljafari
Année: 2015
DCP, couleur et noir et blanc
Pays: Palestine, Allemagne
Durée: 70 minutes