Andrew Emond est un photographe basé à Montréal dont les projets de type documentaire à l’origine examinent l’environnement construit. Publiée dans de nombreux livres et dans des revues internationales, son œuvre a été présentée dans plusieurs galeries. Il a commencé à photographier le système d’égouts de Montréal en 2006 et offre un compte rendu de ses expériences sur son site internet undermontreal.com. On trouvera un aperçu plus détaillé de sa production sur son site andrewemond.com.
Source Points
Débuté en 2006, mon travail a consisté à explorer en toute discrétion le réseau d’égouts de Montréal afin de mieux comprendre la façon dont ma ville fonctionne et son évolution. Bien qu’ils servent à l’écoulement des déchets humains, ces conduits fonctionnent aussi comme des voies artificielles réservées à l’eau naturelle, celle qui circulait autrefois dans Montréal à ciel ouvert à travers un réseau considérable de ruisseaux. Ces cours d’eau ont joué un rôle crucial dans le développement de la ville et, même si la plupart ont subi une modification souterraine de leur trajet et sont tombés dans l’oubli, ils sont toujours bien vivants sous nos pieds.
Source Points se veut une réflexion sur la nature permanente de l’eau dans la ville et sur la transformation de son parcours depuis le ruisseau jusqu’à l’égout. Composé de quatre fenêtres placées au niveau de la rue, le premier élément est une re-création(ou ré-imagination) numérique du flux aquatique désormais enterré de La Rivière Petite Saint-Pierre. C’est la réappropriation virtuelle de ses eaux retenues dans les systèmes souterrains, une façon de témoigner de sa disparition, mais aussi de son possible retour.
Le second élément consiste en quatre scènes souterraines qui illustrent chacune une étape spécifique de la construction des égouts entre 1874 et 1991. Ces vidéos/photos hybrides tentent de souligner la constance de l’eau en dépit de son enfermement statique. Je me suis placé au centre de chaque image. Il n’y a pas de lumière naturelle ici. Entièrement électrique, la lumière est contrôlée par mes actions et ce qui m’environne est également manufacturé. Même si le liquide qui s’écoule à mes pieds provient majoritairement de résidus domestiques et commerciaux, il comprend toujours une portion importante d’eau coulant naturellement dont le flux persistera malgré tous les efforts entrepris pour l’éradiquer.
Samuel Thulin est un musicien, chercheur et artiste des médias vivant à Montréal. Ses œuvres explorent la façon dont la mobilité, le lieu et le son se croisent, ainsi que l’histoire des médias et de la technologie. Membre du Mobile Media Lab, il est actuellement candidat au doctorat au Département de communication de l’Université Concordia.
River Flow, Sewer Flow, Street Flow
River Flow, Sewer Flow, Street Flow est une oeuvre sonore en deux parties qui explore une ancienne rivière de Montréal, la Petite Saint-Pierre, ainsi que l’égout qui l’a remplacée et les rues adjacentes à son trajet initial. L’œuvre débute par un parcours musical (une music route) conçu comme un mouvement à la fois physique et musical qui entraîne les auditeurs vers le cours d’eau désormais absent. Entièrement composé d’enregistrements de cours d’eau du Québec et de bruits prélevés dans le Vieux-Montréal et à l’intérieur du système d’égouts montréalais, le parcours musical mélange et transforme ces sons en réimaginant l’organisation spatiale et la matérialité sonore de la ville. Explorant les rythmes et les résonances qui circulent entre les cours d’eau naturels et l’environnement construit, à la fois au-dessus et en-dessous du sol, le parcours musical invite les participants à imaginer les strates multiples – immédiates, invisible et oubliées – qui définissent le trajet de la Petite St-Pierre à travers le Vieux-Montréal ainsi que son histoire.
La seconde partie ramène l’architecture auditive du système d’égouts à la surface: des sons enregistrés à l’extérieur du Centre Phi, tel que le bruit produit par le pompage du collecteur d’eaux pluviales, sont diffusés en même temps que des échantillons de réverbération enregistrés à l’intérieur des tunnels se trouvant en-dessous. Bien que les eaux ruisselantes de la Petite St-Pierre soient physiquement absentes du paysage sonore – car on ne peut qu’en imaginer le bruit parmi les échos – l’installation se fonde sur l’écoulement des eaux et sur leur possible recréation. Elle se veut une méditation à la fois sur les multiples espaces qui ont supplanté le cours d’eau et sur le potentiel que représente leur réorganisation.