Animées d’une vie nettement plus lente que les images fabriquées par le photojournalisme, les images issues de la scène artistique peuvent aborder la question de l’ambigüité de l’image en prenant une oblique qui autorise stratégiquement une autre temporalité du voir. Les différences typologiques spécifiques entre l’image documentaire et l’image artistique se fondent sur les limites couramment établies entre effet et affect ou entre fait et fiction, mais il s’agit là d’une conception erronée voulant que l’art soit plus émotionnel ou manipulateur que les images de presse ou que les récits idéologiques relèvent exclusivement de la stratégie de propagande. Les deux formes d’images peuvent indifféremment évoquer le désespoir ou l’éblouissement, se muer en icônes ou révéler la structure du quotidien. Leur différence opère plutôt dans le domaine de la vitesse: le cycle de vie du périodique est plus rapide comparé au rayonnement que procure l’univers de l’art. La photographie infrarouge, par exemple, catapulte la notion de lenteur dans la matérialité de la lumière, car en regardant ces couleurs fictives, la seule différence qui nous frappe d’un point de vue technique est le subtil changement de longueurs d’ondes : des oscillations plus lentes d’énergie électromagnétique qui émanent de la matière en décomposition.
Piercing the Screen résulte de l’imbrication de la photographie et de l’infrarouge projetée sur six écrans ayant pour thèmes l’astronomie, la détection du camouflage, la photographie spirite, l’espionnage, les sciences de l’environnement et la médecine légale.
Veuillez noter que la conférence se déroulera en anglais.