Trois conseils (How I Learned to Stop Worrying and Love Contemporary Art*)
Trois conseils (How I Learned to Stop Worrying and Love Contemporary Art*)
Soyons francs. L’art contemporain déroute parfois le public; il irait même jusqu’à en effrayer certains. Dans quelques cas, l’effroi est volontaire, imposé par l’oeuvre; pour d’autres, il semble surgir de nulle part, comme une frousse qui accompagnerait toute expérience esthétique nouvelle. Ainsi, au premier contact, il s’installerait une certaine résistance du regardeur devant l’objet. Cette distanciation, bien qu’elle semble fréquente, se définit difficilement, tant elle peut être causée par un tas de facteurs qui diffèrent d’un visiteur à l’autre. Comment aller au-delà de cette réaction initiale?
Rester ouvert. La première recommandation peut être difficile à suivre, mais lorsqu’appliquée, elle change tout. Se fermer devant une œuvre, c’est refuser le fait qu’elle peut nous apporter quelque chose. Bien entendu, chaque œuvre nous atteindra d’une façon différente: un émoi esthétique, une nouvelle façon de réfléchir ou de voir le monde, un point de vue intelligent, une maîtrise technique ou conceptuelle remarquable. Rester ouvert au dialogue avec l’œuvre, donc, mais aussi au dialogue avec l’autre, pour écouter ce que tous ont à dire des œuvres, pour enrichir notre propre point de vue et notre rapport à l’objet.
Faire confiance à son intelligence et à son instinct. Il ne faut jamais oublier qu’en tant que regardeur, nous sommes mieux outillés pour comprendre une œuvre contemporaine qu’un tableau datant de la Renaissance. Alors que la véritable expérience d’une œuvre d’art ancien devrait nécessiter, afin de la comprendre dans toute sa richesse, une recontextualisation historique juste, l’œuvre d’art actuel se déploie dans une culture visuelle qui est commune et partagée, dans laquelle nous vivons au quotidien. La richesse de l’art contemporain, c’est, en quelque sorte, la richesse culturelle de l’époque dans laquelle nous évoluons; l’œuvre est témoin et signe de cette richesse.
Oser. Une fois les craintes calmées, une chose reste à faire: oser. Cela veut d’abord dire se risquer à l’interprétation. La richesse d’une œuvre se trouve en partie dans les nombreuses interprétations que l’on peut en faire. Lors d’une de nos visites, un étudiant faisait remarquer qu’il y avait autant de façons de voir les œuvres que de personnes pour les regarder. Un joli propos qui confirme la pluralité de l’art contemporain. Oser, c’est aussi, quand on se bute à l’incompréhension, s’interroger, demander, chercher des réponses: le risque pris sera éventuellement récompensé.
Daniel Fiset
DHC/ART Éducation
Ceal Floyer, Monochrome Till Receipt White, 1999-2011, photo: Richard-Max Tremblay.