EN

IMAGINE BRAZIL: Réfléchir l’espace par l’œuvre

Date et heure
Mardi 8 décembre 2015

IMAGINE BRAZIL: Réfléchir l’espace par l’œuvre

L’outil pédagogique IMAGINE BRAZIL: Mouvements est conçu par l’équipe de DHC/ART Éducation afin d’encourager les visiteurs à développer en profondeur certains concepts clés explorés par l’exposition IMAGINE BRAZIL. Ces concepts sont l’anthropophagie, le quotidien, l’hétérogénéité et l'espace. Cette semaine nous présentons le quatrième essai de la série qui explore la notion d'espace.

Considérations: Espace

Dans Paris, capitale du 19e siècle, Walter Benjamin étudiait les passages couverts, les dioramas, les expositions universelles, le style Art nouveau, le flâneur baudelairien, la Haussmanisation pour mieux comprendre comment s’organisait la société de l’époque. La portée de ce texte classique de Benjamin est double: il s’agissait pour l’auteur d’identifier les particularités du territoire parisien pour mieux le réfléchir comme une capitale idéologique du 19e siècle. Pour Benjamin, cette réflexion spatiale passait non seulement par l’identification d’«espaces matériels ou [de] territoires d’expression artistique [1]» ou par l’adéquation de ces espaces à de nouvelles idéologies, mais elle se faisait également dans «l’immédiateté de la présence sensible [2]». Autrement dit, pour comprendre la portée historique ou conceptuelle d’un espace, il ne faut pas seulement le théoriser, il faut aussi en faire l’expérience.

Nous proposons d’utiliser la méthode de Benjamin pour réfléchir le déploiement de l’espace dans IMAGINE BRAZIL. Pourrait-on envisager le Brésil – ou l’image qui s’en dessine dans les salles d’expositions – comme un espace symptomatique de notre époque? Les artistes choisis utilisent toutes sortes de stratégies stylistiques et thématiques pour rendre visible leur rapport à l’espace: l’utilisation de la carte postale chez Mayana Redin, l’exploration de l’architecture vide chez Rivane Neuenschwander, la juxtaposition de styles architecturaux dans la sculpture de Rodrigo Matheus, l’évocation du trafic routier dans la vidéo de Cinthia Marcelle, le passage de l’objet de consommation à l’objet de contestation chez Cildo Meireles, l’objet du quotidien devenu matériau de l’art chez Rodrigo Cass. Ces stratégies laissent entendre des rapports complexes au territoire actuel, exposant les tensions entre centre et périphérie, entre le Brésil et l’Occident, entre l’espace esthétique et l’espace économique, entre la matérialité de l’espace et ses qualités plus abstraites. Ainsi, l’exposition offrirait plus qu’un panorama de la création brésilienne – elle fournit une trame pour réfléchir l’espace au 21e siècle, tel qu’il se module et se définit par l’activité artistique.

D’après vous, quelles autres œuvres de l’exposition traitent de la question de l’espace de façon évocatrice?

Quels sont les liens entre l’espace de la galerie et d’autres espaces dont on traite dans certaines des œuvres? Voyez-vous des rapports de proximité entre ces espaces? L’espace d’exposition peut-il être compris comme une représentation d’un espace autre? 

DHC/ART Éducation

[1] Anahita Grisoni, «Marc Berdet, Fantasmagories du capital. L’Invention de la ville marchandise, Éditions La Découverte, Paris, 2013,» Développement durable et territoires, 4, 2 (2013), consulté le 22 octobre 2015, https://developpementdurable.revues.org/9871.
[2] Walter Benjamin, «Paris, capitale du 19e siècle» dans Das Passagen-Werk. (Francfort: Suhrkamp, 1982 [1939]) : 60.

Photo: Cinthia Marcelle, Autómovel (voiture), 2012. Vidéo, 7 min. 11 s. Avec l’aimable permission de l’artiste et Galeria Vermelho, São Paulo et Sprovieri Gallery, Londres.

Articles reliés

L’art comme relique?

Par Daniel Fiset et Kim Johnson Thème: L’art comme relique Dans son exposition L’explorateur de reliques, l’artiste multidisciplinaire Larry Achiampong propose l’idée d’un escadron panafricain qui aurait pour mission d’écouter, de préserver et de
Lire la suite

Un regard sur l’écoute des ancêtres dans la circularité du temps

Par Jahsun Promesse et Pohanna Pyne Feinberg Cet essai fait partie d’un projet de co-création mené par Pohanna Pyne Feinberg et l’équipe de l’éducation de la Fondation PHI en collaboration avec l’invité spécial Jahsun Promesse. Le projet de co-création comprend
Lire la suite

La mémoire de l’eau: la poésie visuelle d’Un chemin escarpé

Cet écrit poétique est le fruit d’un projet de co-création entre Méshama Rose Eyob-Austin et Marie-Hélène Lemaire qui porte sur l’œuvre Un chemin escarpé de l’artiste Jamilah Sabur. Il prend la forme d’une introduction et d’un «poème sur l’eau»
Lire la suite

Matériaux d’atelier: Tracés par le feu: frottis de charbon et ensemencements

Tracés par le feu: frottis de charbon et ensemencements est un atelier de création en ligne conçu et animé par l’artiste Alana Bartol, ainsi que par l’artiste, botaniste et éducatrice Latifa Pelletier-Ahmed – toutes deux basées à Mohkinstsis/Calgary – en
Lire la suite
Exposition reliée

Abonnez-vous à notre infolettre

* Champs obligatoires