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Nuit blanche 2012: sous le signe de la «disparition»

Date et heure
Mercredi 29 février 2012

Nuit blanche 2012: sous le signe de la «disparition»

Une 5e Nuit blanche pour DHC/ART – et non la moindre! Près de 1000 personnes ont franchi les portes de la Fondation afin de voir l’exposition Chroniques d’une disparition. Notre première association avec le Centre Phi et Mobilities a aussi été un franc succès: plus de 2000 visiteurs sont venus jeter un œil curieux sur ce futur lieu et apprécier l’installation Les rivières perdues: la Petite St-Pierre. Petit retour sur nos déambulations de la Nuit blanche dans notre quartier où la «disparition» était à l’honneur:

La soirée a débuté au Centre Phi où, dès 17h55, les portes étaient secouées par des visiteurs fureteurs désireux de se retrouver enfin intra-muros. Intrigués par l’installation, oui, mais particulièrement par le lieu qui ouvrira ses portes au printemps 2012 et qui s’annonce déjà comme un incontournable de la vie culturelle montréalaise.

C’est un très grand écran qui accueillait les visiteurs dans le Centre, écran sur lequel étaient projetées les superbes photos animées d’Andrew Emond, d’ailleurs sur place pour répondre aux questions du public. Série de photographies prises dans les sous-sols de Montréal, plus précisément dans le système d’égouts, le projet explore la disparition progressive des cours d’eaux de la ville au fil de son urbanisation. Prise de conscience des éléments naturels maintenant obstrués par de multiples constructions et transformations de la métropole. Pour tout accompagnement sonore, une création de Samuel Thulin composant avec le bruit naturel de l’écoulement de la rivière et des éléments électroacoustiques. Ambiance réussie et fortement appréciée des visiteurs.

La musique guidait aussi les participants qui arrivaient de la Fondation, mettant dans l’ambiance quiconque expérimentait ce «parcours musical», ponctué également de jolies lumières en glace qui disparaissaient progressivement au cours de la soirée.

Du côté de DHC/ART, c’est dans les fenêtres de la salle éducative qu’a été installée l’autre partie de l’œuvre, c’est-à-dire des projections du courant de la rivière. Passage de l’eau bleutée, vision presque surréelle et sons aquatiques qui envahissent nos oreilles. Appareils mobiles sont aussi sollicités pour remixer la piste en écoute et en faire sa propre interprétation. Évanescence des différents éléments: eau disparue sous les édifices, sons de cette eau transformés une première fois par Samuel Thulin et ensuite par les visiteurs, passage dans l’espace et migration vers d’autres lieux. Et les participants qui laissent place à d’autres et ainsi de suite, sans compter les heures qui passent. Effacement progressif dans toutes les sphères de cette Nuit blanche.

C’est aussi au Centre d’histoire de Montréal que la disparition se vit et s’explore, un ciné-labyrinthe s’invitant au cœur de l’exposition permanente du musée. Déambulations à travers les méandres de ce parcours, on s’intéresse à Montréal sous toutes ses facettes, mais surtout celles, bien sûr, qui ne sont plus visibles, celles qui n’ont pas survécu au passage du temps. Témoignages un peu partout, prises de paroles de citoyens de diverses époques afin de reconstituer un Montréal disparu à jamais.

Il y a aussi Quartiers disparus qui aborde, bien évidemment, l’effacement progressif de diverses zones montréalaises qui réapparaissent à l’aide de toutes ces archives, mises en scène avec brio. Incursion dans une ville dont on connaît si peu, au fond. Il est franchement fascinant de se pencher sur cette vision du passé.

D’autant plus lorsque l’on tombe sur ces photos du Centre d’histoire de Montréal qui nous montre le Collecteur William, nommé Petite St-Pierre pour le projet Les rivières perdues, exploré à des fins non pas artistiques, mais plutôt archivistiques. Deux types d’exploration souterraine, mais un seul but: montrer la ville sous un autre jour.

Une Nuit blanche sous le signe de la disparition oui, mais aussi de l’exploration. Visiter la ville de nuit, ouvrir grands les yeux afin d’observer un quartier différemment, prendre le temps de voir Montréal, ce que l’on oublie souvent de faire au quotidien. Grâce aux courageux et curieux noctambules, on aura vécu un autre bel événement nocturne qui a été fort occupé, fort apprécié de vous et de nous. Une autre belle rencontre quoi!

L’exposition Chroniques d’une disparition est en cours jusqu’au 13 mai 2012 et Quartiers disparus jusqu’au 25 mars 2012.

Myriam Daguzan Bernier

Photos:
Nuit Blanche: Myriam Daguzan Bernier
Collecteur William: Centre d’histoire de Montréal

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