Dissections: retour sur notre table ronde autour de Chroniques d’une disparition
Dissections: retour sur notre table ronde autour de Chroniques d’une disparition
Dans nos discussions au sein de l’équipe de DHC/ART Éducation, nous en arrivons tous et toutes à la même conclusion: c’est toujours vers la fin de l’exposition qu’il y a le plus à dire, à partager, à explorer.
Pourquoi? Parce que tout a été fouillé, retourné, questionné, et surgit alors une vue d’ensemble. Les discussions deviennent plus profondes, plus concrètes, les questions sont précises et on dissèque carrément — de là l’intitulé «Dissections» — les œuvres, l’une après l’autre, afin d’atteindre une compréhension globale de la thématique de l’exposition. C’est donc l’exercice qui a été proposé à trois conférenciers — Monika Kin Gagnon, Vincent Lavoie et Christine Ross — le mercredi 11 avril dernier.
Chacun à son tour, ces professeurs et chercheurs ont proposé une analyse des œuvres des cinq artistes présentés dans Chroniques d’une disparition sous un angle précis, correspondant à leurs propres intérêts de recherche. Une cinquantaine de personnes se sont présentées pour les entendre, et notre initiative de diffuser le tout sur Ustream a permis à plus de 60 personnes de se connecter à notre table ronde pendant la soirée.
Les trois invités ont décortiqué Chroniques d’une disparition de façon fort pertinente, s’intéressant tour à tour à la mort, à la disparition, à l’absence, effectuant des comparaisons avec des artistes dont ils étudient le corpus — pensons à Paul Fusco, dont les œuvres sont apparues à plusieurs reprises dans les présentations.
Monika Kin Gagnon s’est attachée, entre autres, à cette notion d’élégie particulièrement présente dans l’approche de Teresa Margolles: forme de rituel, de compréhension du deuil et de la mort à travers une narration, une poésie visuelle.
De son côté, Vincent Lavoie suit une ligne plus axée sur la médecine légale, encore une fois très proche des préoccupations de Margolles qui semble avoir grandement inspiré les trois panélistes. Quête de vérité, dit-il, à travers les œuvres de l’artiste mexicaine, mais aussi des quatre autres artistes présentés. Et dans tout l’art contemporain, fortement teinté d’une recherche d’éléments de preuves, Vincent Lavoie décèle des tentatives d’explications pour se définir comme collectivité, comme être humain. Quelques références à Parreno et à Omer Fast expliquent que l’on y retrouve aussi des reprises d’éléments historiques de faits, et d’archives pour les «reconstituer».
En ce sens, la continuité entre l’exposition Re-constitutions (22 février au 25 mai 2008) - qu’évoque notre commissaire John Zeppetelli en entrevue - et celle-ci est réellement mise en évidence.
La disparition a semblé importante à Christine Ross, qui interroge l’exposition du point de vue du régime d’historicité, cette façon d’étudier les éléments du passé en l’articulant avec le présent et le futur. Les œuvres, selon elle, montrent ce futur comme un certain vide — et non pas tant un «moteur de changement», comme on pourrait le croire. Les situations sont peut-être stagnantes, inchangées, comme ces tableaux que propose Parreno avec des corps fixes, figés devant nos yeux.
Cette première table ronde me semble la prémisse de belles discussions à poursuivreautour de l’exposition Chroniques d’une disparition qui se terminera le 13 mai prochain. Il est encore possible d’écouter les trois conférenciers sur notre Ustream pour une période de deux semaines. Et nous vous invitons à réagir, à repenser et à décortiquer, à votre tour, les thématiques abordées au cours de cette table ronde.
N’hésitez pas à vous y inscrire et à alimenter les discussions qui s’y tiendront et qui, nous n’en doutons pas, seront extrêmement éclairantes.
Notre blogue est aussi le lieu propice pour approfondir le tout: consultez les archives pour y retrouver toutes les interventions de nos éducateurs. On veut vous lire et vous entendre!
Myriam Daguzan Bernier