EN

Démontage/montage: journal de bord (Jour 1 à 4)

Date et heure
Vendredi 18 novembre 2011

Démontage/montage: journal de bord (Jour 1 à 4)

Jour 1

L’équipe se rejoint pour une première réunion: division des tâches, explication du calendrier. Les plans sont faits depuis un bon moment, chaque jour est expliqué dans le menu détail. Avant tout, ramener les boîtes de transport et les installer dans les espaces. C’est à leur arrivée qu’on réalisera que, vraiment, l’exposition est terminée. Autre étape importante: organiser les lieux pour pouvoir manipuler les œuvres en toute sécurité. On couvre les planchers à l’aide de masonite, les tables sont recouvertes de papier, tout doit être prêt pour poser toiles et sculptures. Un rythme de croisière s’installe doucement. Ce n’est que le début.

Jour 2

C’est le moment d’amener les boîtes de transport. En route vers l’entrepôt pour ramener d’énormes et lourdes caisses de bois dans lesquelles seront déposées les œuvres. Les techniciens se démènent avec les immenses compartiments et réussissent, tant bien que mal, à les installer dans les salles d’exposition. Travail physique, temps qui presse, on respire un coup et on repart en chercher une autre. Une fois à l’intérieur, chacune des caisses est installée près de l’œuvre qu’elle protégera et on fait le tour pour vérifier que tout est prêt et en ordre pour commencer à tout enlever dans les salles. Avant même le départ des œuvres, tout change de perspective: les murs blancs immaculés sont maintenant envahis, ici et là, de masonite et de cartons. Les planchers ne sont plus propres et lisses, les œuvres semblent perdues et dénudées. Étrange sensation que de se promener dans ce réel chantier, où l’art perd un peu de sa superbe pour rejoindre la réalité bien terre-à-terre du démontage. Comme quoi, il y a bel et bien une certaine magie qui s’opère dans les lieux blancs et scintillants d’un musée et d’une galerie…

Jour 3

C’est évidemment l’étape du démontage qui commence. Les œuvres doivent s’en retourner d’où elles viennent. Décrochage, emballage. Délicatesse et travail consciencieux sont absolument nécessaires pour ces tâches. Les techniciens des artistes sont sur place, vérifient que tout se passe bien, regardent l’état des œuvres. Des photographies des pièces à leur arrivée sont utilisées pour s’assurer que toutes les pièces sont bien installées de la même façon et retournent ainsi telles quelles à leurs propriétaires. Tout se fait dans la bonne humeur, mais on sent un sérieux lors des manipulations: concentration, exactitude des gestes, les directives émanent des techniciens de l’artiste seulement, on les écoute attentivement, on suit leurs mouvements du regard. Les déclics en rafale de la caméra se font entendre, chaque petit détail est capté, les archives témoigneront de ce passage marquant des toiles de Currin et des sculptures de De Bruyckere. Chaque période d’installation est un apprentissage et aussi la rencontre de savoir-faire. Fascinante chorégraphie…

Jour 4

La cafetière bat son plein, les cafés s’enfilent les uns après les autres: le démontage est bien lancé. Deux espaces à gérer à la fois, deux personnes en sont responsables et divisent le travail entre chacun des techniciens d’exposition. C’est une course à relais, où chacun réalise une petite tâche qui en fait ensuite avancer une autre. Transport de meubles, camion qui fait route vers l’entrepôt pour aller chercher d’autres caisses, les sculptures et peintures quittent les unes après les autres dans une danse jusqu’ici tout à fait coordonnée. C’est aujourd’hui que sont décrochés les chevaux de De Bruyckere. Pour avoir observé pendant trois mois les visiteurs s’émouvoir et se troubler devant ces bêtes inanimées, une certaine émotion est palpable. On installe des coussins pour les installer par terre, le temps que les caisses soient mises en place pour les recevoir. Six hommes pour en soulever un seul, les mains tiennent fermement et, en même temps, caressent furtivement le pelage de l’œuvre qui est installée, attachée dans sa boîte. On dirait un sauvetage in extremis. L’image est troublante: sur le dos, une forme rigide de cheval se tient là, inerte et entourée de coussins blancs immaculés. On se rappelle l’image de La Pietà si chère à Berlinde De Bruyckere, cette idée de présence bienveillante qui soutient et prend soin. Légers frissons…

Myriam Daguzan Bernier

Photos: Myriam Daguzan Bernier

Articles reliés

Entrevue avec John Zeppetelli sur l’exposition Ryoji Ikeda

Depuis combien de temps vous intéressez-vous au travail de Ryoji Ikeda? Ce doit faire environ 10 ans que j’ai vu Ikeda pour la première fois à Montréal, à l’Usine C. C’était le spectacle «formula». Il est revenu plusieurs fois dans la ville dans le cadre d’Elektra et je
Lire la suite

Ryoji Ikeda et le sublime

Le terme le plus utilisé pour parler de l’exposition de Ryoji Ikeda est certainement «sublime». Et qu’est-ce que le sublime? On pense d’abord à quelque chose de pur, qui élève vers un niveau supérieur. L’idée n’est pas sans évoquer une forme de spiritualité, et
Lire la suite

Dissections: retour sur notre table ronde autour de Chroniques d’une disparition

Dans nos discussions au sein de l’équipe de DHC/ART Éducation, nous en arrivons tous et toutes à la même conclusion: c’est toujours vers la fin de l’exposition qu’il y a le plus à dire, à partager, à explorer. Pourquoi? Parce que tout a été fouillé, retourné,
Lire la suite

Nuit blanche 2012: sous le signe de la «disparition»

Une 5e Nuit blanche pour DHC/ART – et non la moindre! Près de 1000 personnes ont franchi les portes de la Fondation afin de voir l’exposition Chroniques d’une disparition. Notre première association avec le Centre Phi et Mobilities a aussi été un franc succès:
Lire la suite
Exposition reliée

Abonnez-vous à notre infolettre

* Champs obligatoires