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Ed Atkins

Modern Piano Music
Du 20 avr. 2017 au 3 sept. 2017
Commissaire
Cheryl Sim
Artiste
Ed Atkins
À propos

Ed Atkins crée des vidéos numériques générées par ordinateur qui mettent l’accent sur la réalité corporelle, analogique. Les vidéos présentées à DHC/ART ont l’étonnante capacité de nous ramener à notre corps, en dépit – ou peut-être en raison – de leur constitution numérique, immatérielle. Les animations elles-mêmes portent sur la représentation de choses, de sensations et d’expériences strictement physiques – un terrain affectif singulièrement humain incarné par des personnages animés par ordinateur étonnamment réalistes. De plus, par leur échelle imposante, les installations vidéo d’Atkins ont la faculté de déconcerter profondément le spectateur et de brouiller la distinction entre ce qui est vivant et ce qui ne l’est pas, entre ce qui se meut de son propre chef et ce qui est «animé».

Dans chaque œuvre de l’exposition, un protagoniste solitaire partage des situations et des émotions intimes au moyen de monologues confus exprimant un désir ardent. Ces monologues sont ponctués de musique populaire, de bruits d’éructation, d’intertitres mièvres et de déclarations absurdes juxtaposés à des slogans publicitaires et à de gênantes irruptions de karaoké chantées de tout cœur par le personnage. La vraisemblance de l’animation et des effets créés par ordinateur atteint un niveau hystérique et grotesque, où chaque poil, plaie et contusion fleurit et suppure sous les reflets de lumière et à travers les particules de poussière, tout cela pour se rapprocher d’une certaine corporalité empathique: établir un lien avec la condition de mortel du spectateur, ce que les vidéos ne peuvent que reproduire de manière pathétique, malgré leur abjection livide. La véracité des images numériques contemporaines cède sous le poids de sa charge sanglante, sensible et viciée.

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Ed Atkins crée des vidéos numériques générées par ordinateur qui mettent l’accent sur la réalité corporelle, analogique. Les vidéos présentées à DHC/ART ont l’étonnante capacité de nous ramener à notre corps, en dépit – ou peut-être en raison – de leur constitution numérique, immatérielle. Les animations elles-mêmes portent sur la représentation de choses, de sensations et d’expériences strictement physiques – un terrain affectif singulièrement humain incarné par des personnages animés par ordinateur étonnamment réalistes. De plus, par leur échelle imposante, les installations vidéo d’Atkins ont la faculté de déconcerter profondément le spectateur et de brouiller la distinction entre ce qui est vivant et ce qui ne l’est pas, entre ce qui se meut de son propre chef et ce qui est «animé».

Dans chaque œuvre de l’exposition, un protagoniste solitaire partage des situations et des émotions intimes au moyen de monologues confus exprimant un désir ardent. Ces monologues sont ponctués de musique populaire, de bruits d’éructation, d’intertitres mièvres et de déclarations absurdes juxtaposés à des slogans publicitaires et à de gênantes irruptions de karaoké chantées de tout cœur par le personnage. La vraisemblance de l’animation et des effets créés par ordinateur atteint un niveau hystérique et grotesque, où chaque poil, plaie et contusion fleurit et suppure sous les reflets de lumière et à travers les particules de poussière, tout cela pour se rapprocher d’une certaine corporalité empathique: établir un lien avec la condition de mortel du spectateur, ce que les vidéos ne peuvent que reproduire de manière pathétique, malgré leur abjection livide. La véracité des images numériques contemporaines cède sous le poids de sa charge sanglante, sensible et viciée.

L’exposition, présentée dans les locaux des 451 et 465, rue Saint-Jean, réunit cinq œuvres récentes d’Atkins. Dans la vidéo à trois canaux Ribbons (2014), un homme nu boit, fume, chante et s’apitoie sur son sort avec mélancolie, tout en remplissant son verre successivement de whiskey, de sang et d’urine. L’œuvre, au synchronisme intermittent, décrit ce qui pourrait être une nuit d’ivresse, culminant avec une interprétation particulièrement démoralisante de La passion selon saint Matthieu, de Bach. Dans Hisser (2015), nous retrouvons notre protagoniste dans sa chambre pendant une nuit interminable, plongé dans un état d’absence, de solitude et de confusion qui semble mener vers une seule issue horrible. Safe Conduct (2016), sa pièce la plus récente, consiste en une parodie noire des vidéos de démonstration de sécurité dans les aéroports illustrant la violence symbolique à laquelle nous sommes tous soumis pour des raisons de sécurité et de sureté discutables. Un ballet d’horreurs procédurales s’y déploie au rythme implacable du Bolero de Ravel et de son crescendo vers la démence.

Au moyen d’effets de décalage, d’ellipses et d’une kyrielle de techniques cinématographiques détournées, Ed Atkins met à mal ce que nous croyons comprendre en matière de narration audiovisuelle. Son approche vernaculaire et réflexive s’inspire du cinéma, de la télévision, de jeux vidéo, de la musique populaire, de l’infopublicité et du monde virtuel hybride qui redéfinit nos relations par l’entremise des médias sociaux. Les œuvres d’Atkins brossent un portrait délirant de la psyché collective contemporaine: dissociative, sociopathe, misanthrope, absurde, désespérée et vulnérable. Le fait que l’artiste prête sa voix et ses expressions faciales à chacun des substituts trouble encore davantage notre capacité de discernement, celle-ci étant déjà éprouvée lorsque nous occupons ces mondes matériel et immatériel qui perturbent notre perception de nous-mêmes, de la vie et de nos relations les uns avec les autres.

Il s’agit de la première exposition de l’artiste au Canada.

Avis: quelques œuvres contiennent du matériel s’adressant à un public adulte averti.

L’exposition Ed Atkins: Modern Piano Music fait partie du Printemps numérique 2017.

Biographie

Ed Atkins (Oxford, Royaume-Uni, 1982) vit actuellement à Berlin. Il a récemment présenté des expositions personnelles notamment au Castello di Rivoli (Turin), au MMK (Francfort), à la Tate Britain et à la Serpentine Gallery (toutes deux à Londres), au Palais de Tokyo (Paris), au Stedelijk Museum (Amsterdam), à The Kitchen et au MoMA PS1 (toutes deux à New York). Il a également participé à la 55e Biennale de Venise, à la 14e Biennale d’Istanbul et à la 12e Biennale de Lyon. En 2016, son recueil de textes A Primer for Cadavers est paru aux éditions Fitzcarraldo et une monographie éponyme a été publiée par Skira.

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