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Mercredi 27 mai 2015

L’outil Yinka Shonibare MBE: Mouvements est conçu par l'équipe de DHC/ART Éducation afin d'encourager les visiteurs à développer en profondeur certains concepts clés explorés par l'exposition Yinka Shonibare MBE: Pièces de résistance. Ces concepts sont la migration, la relation, le plaisir et le dandy. Cette semaine nous présentons le quatrième et dernier essai de la série qui explore la notion du dandy.

«Élégant qui se pique de suivre rigoureusement les modes [1]»: voici une des principales définitions du dandy, personnage masculin qui fait ses premières apparitions dans l’Angleterre du 18e siècle et qui, au 19e siècle, devient un archétype des sociétés européennes. Le dandy est alors perçu comme une figure superficielle, obsédée par les vêtements et l’apparence; aspirant à une certaine mobilité sociale, il est attiré par la richesse et la grandeur d’une aristocratie à laquelle il n’appartient pas de facto. Lui prêtant une dimension quasi-spirituelle, quelques auteurs du 19e siècle comprennent le dandysme comme une forme d’ascèse, un mode particulier d’engagement dans le monde qui passe par la célébration de ce qui est esthétique. Dans Le peintre de la vie moderne (1863), Charles Baudelaire explique : «Ces êtres n’ont pas d’autre état que de cultiver l’idée du beau dans leur personne, de satisfaire leurs passions, de sentir et de penser». Pour Baudelaire, ce n’est pas l’envie, l’argent ou l’amour qui dicte la conduite du dandy, mais plutôt «le besoin ardent de se faire une originalité, contenu dans les limites extérieures des convenances [2]».

Suivant Baudelaire, le dandy est une figure en marge, qui a le loisir, par la finesse de ses goûts, de défier les conventions sociales et esthétiques de son époque. Pourtant, malgré la posture de marginalité dans laquelle il opère, le dandy est aussi une figure qui s’est définie par l’appropriation culturelle et le rejet d’autres formes d’altérité. Type extrêmement codifié, le dandy ne semble exister dans les cultures des 18e et 19e siècles que dans son incarnation masculine, blanche et eurocentriste. Yinka Shonibare reprend la figure du dandy pour opérer un des multiples renversements caractéristiques de son travail. Semblant d’abord s’intéresser au côté séduisant et matériel de ses attraits, dont les tissus de ses costumes, Shonibare place ensuite l’esprit du dandy au centre d’une critique de la représentation (ou du manque de représentation) de la culture africaine dans l’histoire de l’art européen. Il fait du dandy le vecteur d’une altérité, d’un déplacement, encourageant le spectateur à questionner, au-delà de la séduction du décoratif, les habitudes de représentationet à rendre compte des idéologies sous-jacentes à la culture visuelle occidentale.

Shonibare utilise la figure d’un homme costumé à la manière d’un dandy dans plusieurs des œuvres présentées à la Fondation. Y a-t-il d’autres figures/stéréotypes de la masculinité occidentale qui sont explorées dans les œuvres de Shonibare? Lesquelles ?

Comment définiriez-vous le dandy contemporain? S’agit-il d’une figure toujours présente dans la culture actuelle?

DHC/ART Éducation

[1] Trésor informatisé de la langue française, « Dandy », consulté le 2 avril 2015, http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=384431880.
[2] Charles Baudelaire, Le peintre de la vie moderne, trad. Jonathan Mayne (Londres: Phaidon Press, 1995), 26-29.

Photo: Yinka Shonibare, MBE. Un Ballo in Maschera (A Masked Ball), 2004. Vidéo. Durée: 32 min. © Yinka Shonibare MBE / SODRAC / avec l’aimable concours de James Cohan Gallery, New York et Shanghai.

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